Si on ignore mon LinkedIn, où mes compétences sont plus révélatrices d’un circle-jerking entre étudiants d’Epitech que d’une réalité de ce que je suis capable de faire, je suis programmeur OCaml.

Et pourtant j’ai l’impression que les règles du jeu dans le marché du travail de l’informatique nous imposent de savoir 3 ou 4 langages différents. On est même arrivé au point où les entreprises recherchent un programmeur full stack capable de toucher à tout et ayant un pouvoir décisionnel important.

Il suffirait alors de mettre une trentaine de langages sur son CV (accompagnés d’une note montrant notre capacité d’auto-évaluation), de voir les grandes lignes de ces outils en lisant la description Wikipédia et c’est le jackpot ?

Les recruteurs me diront que non, les questions, les tests, les process permettent d’éliminer ce genre de personne. Mais est-ce que le recruteur a le niveau nécessaire pour quantifier nos compétences ? Peut être que lui même dérive de ce schéma et l’entropie du processus (vu son inhérente imperfection) mène ces personnages logarithmiquement à ne savoir que superficiellement.

La critique que je fais est le manque de sémantique que l’on retrouve dans les termes comme dev-ops ou full-stack. Il n’est déjà humainement pas possible de tout savoir sur tout et pourtant, c’est le profil utopique que recherchent certaines entreprises.

Mais ce terme n’est qu’une violence silencieuse de la concurrence entre programmeurs qu’on nous impose pour, au final, se retrouver à faire le travail de plusieurs personnes en même temps. Pour le coup, dev-ops convient parfaitement à un travail qui commence à la création du logiciel pour finir à la mise en production - en gros, tout la chaîne de développement.

C’est certain que économiquement parlant, c’est très rentable d’assigner toutes ces tâches à quelqu’un plutôt qu’à recruter un administrateur système et un développeur au minimum ! Alors doit on accepter cette accumulation des tâches ?

Dé-construire pour mieux re-construire

Et pourtant, l’aspect méta-connaissance des langages informatiques qu’on souhaite à nos développeurs full-stack est une compétence intrinsèque à la qualité qu’ils opèrent. Le problème se retrouve plutôt dans la manière d’aborder cet apprentissage plutôt que l’objectif tout à fait louable qui en résulte derrière (à savoir, la curiosité d’en apprendre plus).

Cette frénésie des technologies, ce vocabulaire perdant peu à peu tout son sens et l’imposition préalable du recrutement en général nous pousse à ne plus y voir clair. La flexibilité est de mise où la vision court-termiste est un dogme. On veut shipper plutôt que créer, la dead-line approche sous le rythme de nos patch-monkey effrénés.

Notre PoC devient notre produit et il s’agirait d’y rajouter des nouvelles briques avant même que l’on ait fini.

On optimise le rendement jusqu’au recrutement même.

J’ai la chance de n’avoir jamais été soumis à ce genre recrutement, d’idéologie au sein d’une entreprise, parsemée de méthode scrum, agile ou peu importe. Mes collègues savent à quoi s’en tenir avec moi dans le sens où ils ont conscience de mon niveau, de mes capacités et de ce qui m’anime quand je développe.

On ne réduit pas ma responsabilité à un manager qui aurait une quelconque compétence que je n’ai pas pour optimiser mon rendement. Je ne suis pas idiot et je connais mes défauts. Ainsi, on préfère me faire confiance quand j’annonce ma candidature plutôt que de me tordre dans tout les sens (ainsi que ma créativité) pour obtenir un résultat bien moins satisfaisant.

D’où l’on vient

La communauté informatique a ceci de fantastique, elle est apparue dans un contexte de hacking. Ce mot porte malheureusement une autre définition dans le secteur du marketing désormais, vidant de tout son sens ce qui a fait le succès d’une utopie.

C’est pourtant important de retourner aux sources. De comprendre que la diversité, même anarchiste, peut créer quelque chose de magique. L’intelligence débridé collective (levée des contraintes du marché) laisse une empreinte indélébile qu’en terme capitaliste on pourrait décrire comme une valeur ajoutée long-termiste.

On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche mais si je peux passer le plus clair de mon temps à programmer et à créer, c’est bien parce que je suis uniquement animé par la curiosité qui n’a ni date de péremption, ni finalité matérialiste. Et je pense que c’est ça, le hacking.

Conclusion

C’est un petit essai très brouillon, rien à foutre, c’est mon blog, j’y écris ce que je veux. La critique peut être de mise, quand bien même il n’y ait pas la possibilité de commenté mais bon, on peut me contacter.